Carole
Assises à leurs bureaux Carole et Françoise. Carole porte un tailleur en tweed bordeaux et Françoise, une jupe plissée en coton épais à motifs irlandais. Elles travaillent derrière leurs ordinateurs.
Carole : Alors Françoise, tu as passé un bon week-end ?
Françoise : oui très bien. Avec Jean nous sommes allés au salon des animaux.
Françoise : oui tu aurais vu toutes ces petites boules de poil !
Carole : ca donne envie ! J’y serais bien allée mais depuis que l’on a eus Peter, Victor refuse l’idée même d’avoir un animal.
Françoise : quel dommage vraiment ! Le petit adorerait avoir un camarade de jeu. Je crois que j’ai même lu quelque part que cela aide à sociabiliser les enfants.
Carole : ah oui ? Mais tu sais, Victor m’assure [imitant la voix de son mari] que cela ne ferait qu’une boule de poil de plus à nourrir ; et puis, qui le sortirait par -15°C ? Sans parler des risques d’allergies, de morsures, griffures et infections en tout genre… [Silence un instant] enfin tu vois le genre.
Françoise : …mouais je crois comprendre
Carole : mais vous, vous avez craqués ?
Françoise : oh non, tu sais on a déjà Omelette et Ratatouille. Alors plus, ca ne serait que de trop dans notre F2.
Carole : c’est sur ! Omelette et Ratatouille….quand même vous les avez trouvés où ces noms ?! Ils sont incroyables !
Françoise : c’est Nicolas qui les a baptisés. Quand il avait trois ans….
Carole : ah bah oui, comment ai-je pu oublier ce petit trublion de Nicolas !
[Les deux femmes sourient, replongent dans leur travail un instant, mais il fait un peu trop beau ce lundi pour qu’elles restent concentrées]
Françoise : alors comment ca va avec Victor depuis la naissance du petit ? Parce que ce n’était pas facile dernièrement…
Carole : la coupant, ca va mieux vraiment. C’est vrai qu’on a eu des moments difficiles, cette aventure qu’il a eu, la confiance tout ca…Ca a été vraiment dur pendant un temps mais là ca va mieux. C’est comme si Peter était venu ressouder notre couple. Et puis tu sais, personne n’est parfait ce sont des choses qui arrivent. Il faut savoir pardonner si l’on nous en donne l’occasion, et si l’autre en vaut réellement le coup. Et puis ca aurait très bien pu m’arriver, alors…
Françoise : ouais, surtout que j’en connais un qui dirait pas non ! [Sourire au bord des lèvres, clin d’œil en coin…]
Carole : oh, Françoise, s’il te plait. Je sais très bien de qui tu parles et je peux te dire que tu te fais des idées ma vieille. Ça, ce ne sont des ragots de fonds de bureaux qu’on se raconte pour se faire croire que notre boulot est excitant.
Françoise : et bah dis donc, si c’est pas de la répartie ça ! On pourrait croire que tu l’as répétée !
Françoise : tiens petit test. Combien de mails il t’a envoyé aujourd’hui ? Aujourd’hui à...9heures ?
Carole : mais je sais pas ! Et puis de toute manière ca ne te regarde pas……[le regard se détourne de l’écran, se pose sur les feuilles du ficus sur son bureau.]
Françoise : plus les fleurs de la semaine dernière, les chocolats pour ta fête…
Carole : franchement…une vraie commère. Allez mets-toi au boulot, c’est pas comme ça que la France va avancer !
Françoise :…les jeans moulants, les belles chemises, le parfum…si ca sent pas la drague ça !? Et alors tout le service s’en rend compte…à part toi. Enfin bon, après tout tu es mariée…
Carole : exactement ! Je suis mariée, amoureuse et maman ! Alors ce petit minet il peut bien aller repasser ses slims. C’est moi qui te le dis !
Françoise : moi en tout cas, j’en ferai bien mon quatre heures !
[Un éclat de rire, quelques gentilles salacités échangées les deux femmes se remettent au travail. C’est alors que le téléphone de Carole sonne. la lumière tombe, le rideau se ferme.]