Polaroïds
Je me souviens du premier jour où je t’ai vue. C’était au parc. Tu portais cette robe si légère, celle avec les grosses fleurs jaunes. Le soleil, le vent, les gros nuages blancs épars tout était fait comme pour te sublimer. Tu étais là assise dans l’herbe à lire cet énorme ouvrage que je n’ai jamais compris. Tu n’en levais pas la tête. Et moi je n’avais d’yeux que pour toi. C’est amusant non ? Moi l’herbe me mouillait les fesses et les pollens m’empêchaient de respirer. Heureusement que j’étais allergique, sans crise d’asthme nous ne nous serions jamais rencontré. J’ai cru mourir, là allongé au milieu des pâquerettes.
-Une chance pour toi que je suis infirmière.
Tu aurais du mal à croire à quel point tu es belle le matin au réveil, endormie, à ma seule merci. Je promène mes doigts sur tes épaules et ta nuque. Et leur douceur me fait à chaque fois chavirer le cœur.
Je suis jaloux parfois du soleil qui vient darder ses rayons sur la perfection de ta peau. Je le trouve insolant, presque insultant. Une telle beauté ne se touche pas, que j’aimerais lui dire, elle s’admire, et à pieuse distance. Même si je confesse déposer de temps en temps de fugaces baisers sur un dos, une nuque, une hanche…un grain de beauté délicat.
Et puis vient ton réveil. Car toute bonne chose à une fin.
Tu te tournes et te retournes. Et alors, dans une danse à demi-consciente, tu te blottis tout contre moi. Ton cœur qui bat, ta respiration qui s’accélère, tes muscles qui se contractent doucement, je ne saurais être plus près de toi.
Non finalement, certaines bonnes choses n’ont pas de fin.
« Je veux un enfant.
-Je veux un enfant j’ai dit.
-…tu veux dire un…un bébé ?
-Oui. C’est en général ce que sont les enfants.
-C’est tout ce que tu trouves à dire ?
-Et bien c’est un peu soudain non ?
-Cela fait six ans que l’on est ensemble. Je ne trouve pas cela particulièrement soudain.
-Ouais…mais un enfant. Je veux dire, ca grandit ces trucs et puis ça…excuse moi de ramener cela à des préoccupations très, disons mercantiles, mais ça coute cher. C’est pas comme si on était stables – financièrement j’entends.
-Je crois que tu as peur.
-Non non non, c’est juste qu’il faut y réfléchir c’est tout. Les couches, les biberons, les heures de colle, la fac…tout ça quoi, il faut y….y réfléchir…………non ?
-Laisse tomber va, j’ai rien dit.
-…………………….…et un chien ?