...quand le courage fuit...suite
L’avantage de la faculté c’est que l’on revoit les mêmes personnes tous les jours. Certains disent que c’est également ce qui pose problème ; Victor lui il aime cela. Il aime savoir que tous les jours, elle sera là. Si proche qu’en se concentrant un peu il pourra sentir le parfum de ses cheveux. Peut-être bien qu’il l’invente ce parfum, que de là où il se trouve il est absolument impossible de sentir quoique ce soit. En tout cas, il la voit. Souvent derrière elle, il se perd le long de son dos, descend le cours obscur de sa chevelure, se repose sur sa nuque délicatement cachée, et finit presque honteux sur le bas de ses reins. Si c’eut été péché que de faire cela, nul doute qu’il aurait été excommunié tant il se délectait de cette minutieuse observation.
Mais elle, que savait-elle de tout cela ? Rien du tout bien sûr. Un jour il crut qu’elle le regarda sur le parvis de l’université. En réalité elle avait aperçu son amie descendant du tram.
…excuse moi tu as fait tomber ta feuille ! comment ce n’est pas la tienne ? ah…c’est comment ton prénom ?.......................................
…bonjour, j’ai raté le cours d’hier, j’ai remarqué que tu étais studieuse pourrais-tu me le donner ?...au fait j’ai raté ton prénom……………
…salou yé soui étoudiant erasmous, et yé conné personne qui….come te lliamas ?
………………salut je suis Victor et je te trouve absolument sublime…on prend un verre ?
Voilà ce à quoi pense un homme qui veut aborder une fille qu’il trouve superbe. Les unes après les autres et sans jamais pouvoir en mettre une en action, Victor envisagea chacune de ces solutions. On appelle cela la lâcheté ou la timidité, c’est selon.
C’est troublant de se rendre compte qu’au final on ne se souvient jamais comment on aborde pour la première fois une fille ou un garçon. Alors qu’on passe tant de temps à trouver la meilleure façon. Surtout qu’en fin de compte ca rate deux fois sur trois.
Les jours se ressemblent quand on est seul et qu’on les passe à regarder les autres. Et les autres...ils se ressemblent tous en plus. Ils sont là, à traîner leur fausse nonchalance et leur vrai bronzage. A moins que ça ne soit l’inverse. On se rapproche, on met en place des stratégies, des sourires en coin et des clins d’œil discrets.
A l’automne, les jupes se raccourcissent, on met des collants en coton, ou pire en laine. Les mines blanchissent. A l’automne les premiers couples de promo sont formés, et ceux qui sont seuls à la fac sont soit macqués en dehors, soit seuls tout court. Victor, lui, est macqué dehors. Et pourtant cela ne l’empêche pas d’être fasciné par cette petite brunette.